Le photographe Jean Paul Fouques fait appel aux négatifs dans son travail artistique. Il aime insérer des éléments aux valeurs inversés dans ses images, mais son travail ne s'arrête pas là. Comme les "Héliographes" du début de l'histoire de la photographie qui aimaient travailler le négatif, il masque, découpe, fusionne, insère, divise, colorise. C'est tout un travail, une élaboration du négatif, au sens hégélien ou freudien : une mise en œuvre d'une pulsion faisant advenir un langage, son langage négatif/positif. Le résultat est troublant et l'on retrouve certains des aspects fantomatiques et même fantastiques des héliographies. La fascination oblige le regard et provoque la réflexion. On sent cette force au premier regard à trouver une véritable image, une image qui dise vrai.
Le
négatif a toujours représenté pour lui un élément autonome. Pour lui, l'image numérique n'est pas un positif
direct, elle est une confusion hors langage, un chaos primitif à qui le
nombre donne un semblant de cohérence. C'est d'ailleurs l'illusion
portée par toute image brute que de faire croire qu'elle donne accès
directement au réel. Le négatif et le positif y sont harmonisés avec cette manière polyphonique originale où chacun peut librement faire chanter sa voix.
Yves-Marie Lequin
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